
Diagnostiquer les dégradations d'un bâtiment,
d'une maà�onnerie ou d'une pierre
Connaissance
préalable de l'objet et de son environnement
Un préalable indispensable à� tout diagnostic est l'identification
du matériau et la connaissance de ses principales propriétés (compositions
chimiques et minéralogiques, propriétés physiques -). Il est important
de prendre aussi en compte :
 l'architecture
du bâtiment, son histoire y compris les anciennes restaurations
connues
 l'environnement
autour du bâtiment (géologie, hydrogéologie, environnement atmosphérique)
 l'usage
actuel du bâtiment et ses usages anciens
Cette étape préliminaire peut nécessiter des analyses sur prélèvements
pour confirmer ou préciser la nature ou les propriétés du matériau
(examen pétrographique sur lame mince, détermination de la composition
minéralogique par DRX, essai de porosité ou de capillarité, essais
mécaniques) ainsi qu'un travail de documentation (archives écrites,
photographiques -).
Examens
et essais in situ
La
première phase d'un diagnostic est basée sur l'observation in situ
des dégradations visibles, leur localisation, leur inventaire et
leur description afin de préciser les phénomènes qui leur ont donnés
naissance. Des cartographies indiquant la distribution des dégradations
et leur intensité sont parfois réalisées. Plusieurs glossaires décrivent
les principales formes de dégradation en indiquant pour certains
les mécanismes et origines possibles. Il existe cependant de nombreuses
convergences de forme : des facteurs très différents peuvent induire
le mà�me type de dégradation.
Des analyses in situ fournissent des premières indications sur l'origine
possible des dégradations (teneur en eau, enregistrement de l'humidité
et de la température ambiantes, présence de sels solubles et évaluation
de leur teneur et de leur distribution, propriété d'absorption d'eau
par l'essai à� la pipette de Karsten, mesures de vitesses du son
ou réflectométrie radar). Cette phase initiale du diagnostic qui
décrit l'état de conservation de l'ouvrage, est décisive et permet
de proposer une ou quelques hypothèses sur la cause des dégradations.
Elle oriente l'échantillonnage (nombre, nature et emplacement des
échantillons) et les analyses qui seront effectuées.
Analyses
de laboratoire
Au laboratoire, les échantillons peuvent être analysés par de multiples
techniques d'analyse. Seules les techniques les plus pertinentes
seront mises en oeuvre en fonction de la problématique, de l'échantillonnage
(taille des échantillons), pour confirmer ou infirmer les hypothèses
de terrain. Il n'existe pas de démarche analytique standard.
La méthodologie peut intégrer des analyses qualitatives ou quantitatives
pour identifier ou doser des éléments chimiques (composition chimique
par spectrométrie de fluorescence X, ICP, teneur en sels solubles
par chromatographie ionique), des minéraux (composition minéralogique)
ou des phases minérales et/ou organiques correspondant à� d'anciens
traitements (spectrométrie infrarouge).
Il peut être nécessaire d'observer le matériau
pour mettre en évidence les phases responsables de l'altération
(cristallisations salines) ou ses effets (dissolution, microfissuration,
phase résiduelle ou de réaction) ou encore d'anciens recouvrements
(traitement de protection, peinture, badigeon). Ces observations
sont effectuées sur des surfaces brutes (plan de cassure) ou polies
(lame mince ou section polie) par microscopie optique polarisant
(examen pétrographique), ou par des observations plus fines au microscopie
électronique à� balayage (MEB ou ESEM) ; cet appareil permettant
aussi de mener des microanalyses chimiques élémentaires (spectrométrie
dispersif en énergie).
Enfin, il peut être intéressant d'évaluer les modifications des
propriétés de la pierre dues à� leur altération (perte de la résistance
mécanique, augmentation de la porosité). Des normes décrivent avec
précision ces essais physiques qui correspondent parfois à� des essais
de comportement des pierres naturelles en réponse à� une sollicitation
(ou contrainte) hydrique, thermique ou mécanique.

l'objectif
final : les préconisations
Les opérations de caractérisation et de diagnostic s'articulent
selon une démarche logique et définissent une méthodologie générale
qui est présentée synthétiquement dans le logigramme suivant (cf.
logigramme du
LCPC ).
Comme le montre ce logigramme, ces travaux de caractérisation et
de diagnostic doivent permettre de proposer les procédés et protocoles
les plus adéquats pour la conservation de l'oeuvre, soit en modifiant
les facteurs externes de dégradation (environnement, usage), soit
par des interventions de conservation-restauration sur l'ouvrage
lui-même. Les examens et analyses aboutissent donc à� des préconisations
concernant les multiples interventions envisageables (mise à� l'abri
d'une statue, remplacement de pierres, rejointoiement d'une maçonnerie,
ragréage et réparation, consolidation, dessalement, nettoyage de
la pierre) qui peuvent aller jusqu'au stade d'une aide dans la
rédaction du cahier des charges, y compris en terme de suivi.
Il faut noter que ces interventions nécessitent le plus souvent
des essais et mises au point préalables et que des analyses de laboratoire
adaptées permettent d'évaluer et d'optimiser la sélection des produits
et des méthodes qui seront finalement mises en oeuvre sur le bâtiment,
la sculpture avec la meilleure efficacité possible tout en garantissant
l'intégrité de l'oeuvre pendant et après l'intervention. |